Théâtre 95

Tant d’espace entre nos baisers

DE JOËL DRAGUTIN
MISE EN SCÈNE DE SARAH CAPONY

mardi 3 février à 20h30
mercredi 4 février à 20h30
jeudi 5 février à 20h30
vendredi 6 février à 20h30
samedi 7 février à 20h30
dimanche 8 février à 16h

Tant d’espace entre nos baisers, c’est ce titre faussement« romantique » qu’a choisi Joël Dragutin pour nommer cette tragi-comédie acide, dans laquelle il dépeint avec humour dans une novlangue contaminée par les prêts à penser et les prêts à aimer de toutes sortes, la « folie ordinaire » de notre époque.

Huit personnages immergés dans le vide euphorique de leur existence vont, viennent, se croisent, s’aiment, saoulés de mots, de musique, de rires peut-être pour dissimuler la vacuité qui les habite.

Ces « homos festivus » issus de la société du spectacle nous apparaissent comme dépossédés d’eux-mêmes, s’ils nous amusent ils parviennent néanmoins à nous émouvoir, peut-être parce que nous reconnaissons dans ces figures familières, nos propres angoisses existentielles, un peu de nos illusions perdues et finalement beaucoup de nous mêmes.

 

Avec

Najda Bourgeois, Hélène Bressiant, Erwan Daouphars, Coco Felgeirolles, Flore Grimaud, Anthony Paliotti, Anne-Clotilde Rampon, Bertrand Usclat
Collaboration artistique : Quentin Baillot
Scénographie, lumière, vidéo : Nicolas Simonin
Musique : Philippe Thibaut, Bastien Varigault

 

Layout 1Avec la participation artistique du Jeune Théâtre National

  

 

Interview de Joël Dragutin et Sarah Capony

Joël Dragutin, vous avez écrit et mis en scène Tant d’espace entre nos baisers en 1993. Quelle était votre démarche d’auteur alors, continue t-elle d’être pertinente plus de 20 ans après ?

Au travers de cette pièce je voulais montrer comment le conditionnement culturel et médiatique auquel nous soumettait déjà une économie de marché toute puissante avait pénétré la sphère de l’intime. Dans l’euphorie festive des années 90, l’amour était en train de devenir une marchandise et le discours amoureux épousait les contours de la communication publicitaire standardisée pour devenir une « langue de bois » parmi d’autres.

Aujourd’hui, ces tendances se sont confirmées et amplifiées ; les diverses prothèses numériques ainsi que les réseaux sociaux modifient et structurent en permanence nos façons de séduire ou d’aimer. Mais beaucoup de ce qui constitue notre présent est en germe dans cette pièce. Tant d’espace… c’est  en quelque sorte Facebook avant la lettre !

Quel sens cela fait-il pour vous de confier l’une de vos pièces à une jeune metteuse en scène ?

Je pense qu’au coeur de cette envie, il y a l’idée de la transmission. Un texte théâtral, c’est un regard sur une époque, c’est une pensée, une forme, un style. Il s’agit de voir comment cela va exister à travers un autre regard, une autre sensibilité, un autre rapport au monde, et cela dans un rapport nécessairement dialectique.

Comment qualifieriez-vous la forme poétique de Tant d’espace… ?

Cette pièce est à la fois musicale et chorégraphique. Les personnages vont de rencontres en fêtes impromptues avec une vitalité de surface qui tranche sur le grand vide que leur discours révèle. Leur folie produit  à tout moment des surprises, des télescopages, des changements brusques de rythme qui donnent à cette pièce une tonalité de tragi-comédie.

«  Sarah Capony, vous allez mettre en scène Tant d’espace entre nos baisers : pourquoi avoir choisi de mettre en scène cette pièce ? »

Quand Joël Dragutin m’a proposé de mettre en scène Tant d’espace entre nos baisers, j’ai été enthousiasmée par le défi que pouvait représenter ce projet pour moi. À l’image d’un rôle qu’on propose à une comédienne, ce que je suis également, il s’agit d’entrer dans une écriture, couche après couche, d’en saisir le sens, le rythme, comme de se fondre dans un personnage. J’ai eu le désir de m’emparer de cette langue bien particulière, à la fois musicale et concrète, complexe et immédiate. C’est aussi la palette très riche de ces huit personnages qui m’a séduite et puis, franchement, cinq femmes et trois hommes dans une distribution, c’est tellement rare que vous prenez ça comme un cadeau !

«  Pourriez-vous nous en dire un peu sur votre vision de la pièce et sur vos choix de mise en scène? »

Ce qui m’a intéressée, bien-sûr, c’est aussi ce que raconte ce texte, écrit il y a vingt ans et qui résonne de façon très vivante aujourd’hui. Nous sommes dans ce monde où tout va vite, où les gens se bousculent, se saoulent de mots, communiquent qu’ils communiquent sans prendre le temps de s’écouter, ou même de penser. Ces huit personnages qui vont et viennent, remplissent le temps et le silence, nous rappellent la folie ordinaire de notre époque, rythmée par internet et les réseaux sociaux. Sont-ils eux-mêmes ou bien des êtres contaminés par les prêts à penser ? La mise en scène reposera donc avant tout sur la direction d’acteurs, avec de vrais caractères à chercher, à dessiner ensemble. C’est une pièce qui nous montre, avec humour et dérision, des personnages parfois ridicules, mais très humains, et ce d’autant plus qu’ils nous ressemblent. C’est le son d’une tragi-comédie qu’il m’importe de rechercher, de là naîtront les images, la danse des corps dans l’espace, la musicalité…

La presse en parle

 

« … Joël Dragutin s’amuse des gens qui usent et abusent du verbe. Férocement, drôlement, avec une imagination inouie et un sens aigue de la satyre…  »
M. E. Alouf
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« Irrésistible ! Rien n’est épargné : ni la pub, ni la diététique, ni les associations caritatives.  »
Colette Aubry 
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« Tant d’espace entre nos baisers est une pièce à découvrir d’urgence. Elle s’inscrit dans la grande tradition d’un théâtre d’aujourd’hui, nécessaire et fort, qui nous aide à rester proches des murmures de la vie. »
Valérie Librati
terrasse

 

« Une musique des mots extraordinaire, un superbe détournement du langage »
José Arthur
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